La Gavotte et Le Réveil

Article de Willy Chaufoureau paru dans la revue nivelloise Rif Tout Dju numéro 224 de janvier 1979

 

La Gavotte a marqué la fin du 19e siècle d'une empreinte indélébile et apporté à toute une génération de Nivellois le goût, le culte du terroir et du dialecte, contribuant par-là à la diffusion des richesses folkloriques et archéologiques de Nivelles.

 

Réunissant la jeunesse lettrée et universitaire de la ville de Nivelles, en dehors de toute considération idéologique ou politique, La Gavotte n'était à son origine en 1885 que la filiale d'un groupe de jeunes gens qui, sous le nom de La Franche Amitié, se réunissaient chez Moers, chaussée de Hal, pour s'amuser et fêter les succès universitaires de ses membres. Lorsqu'en 1888, le mariage et les nécessités professionnelles eurent dispersé plusieurs de ces ex-étudiants, le groupe se reforma sous l'unique appellation La Gavotte et, élargi par des éléments nouveaux, vola de ses propres ailes.

 

La diffusion d'un journal hebdomadaire, L'Aclot, fut leur première oeuvre. Les principaux rédacteurs furent :

– Georges Willame (Stoisy ou Gamin)

– Léon Petit (Clipotia)

– Edouard Parmentier ( Vas-y-Vîr)

– Emmanuel Despret (Manu du Cour Rnaud)

Les frais d'impression assez élevé limitèrent à deux ans la vie de cet hebdomadaire.

 

Le comité de La Gavotte se composait de jeunes gens qui ont fait une brillante carrière :

– Mésse Président : Georges Willame (directeur au Ministère de l'Intérieur)

– Président : Albert Toussaint (Pharmacien et échevin)

– Vice-président : Edouard Parmentier (docteur en droit)

– Directeur artistique : Hector Declercq (notaire)

Les membres :

– Fernand Hautain (directeur de la Banque Nationale)

– Charles Gheude (avocat et député permanent)

– Jules Chantrenne (industriel)

– Ernest Declercq (docteur en médecine)

– Louis Rousseau, Jean Dubois, Léon Dewamme, Joseph Dewinter, Albert Gilbert, Fernand Denayer, J. Jurion, Vinclaire, Chapelle

 

La plupart de ces jeunes gens que nous retrouvons dans la distribution originale d'El Roûse dè Sinte Ernèle (pièce dialectale créée par Georges Willame en 1890) portaient le plus souvent un surnom (Fisco, Tintin, El Kwècq, Gros l'éfant) et ne recherchaient que la pratique de l'humour sous toutes ses formes d'expression. Leur quartier général se trouvait chez Chaufoureau, cabaret de la rue Roblet où il y avait une belle fille et où, le samedi, venaient se faire raser les ouvriers et les petites gens de la ville. Ces jeunes acteurs furent frappés par l'originalité des "types" aclots qui y affluaient et par l'énorme bagage d'esprit wallon d'ancienne littérature populaire qu'ils traînaient avec eux. Pour un verre de faro, on les faisait chanter, conter, et nos "arsouyes" notaient le tout avec ravissement. C'est là qu'ils connurent Hulin, Bréda, Guilmot, tous personnages pittoresques.

 

Le 2 mars 1890, on note la création d'El roûse dè Sinte Ernèle au Waux-Hall (ancienne salle des fêtes située à l'actuelle square Gabrielle Petit et abattue pour insalubrité, reconstruite rue de Charleroi puis de nouveau abattue lors du bombardement de mai1940). Reprise de la pièce le 9 avril 1890 à Waterloo, le 4 mai de nouveau au Waux-Hall et le 11 mai au concours de Liège. La Gavotte y est classée hors-concours et est reçue pour ce brillant succès le 13 mai à l'hôtel de ville de Nivelles.

 

Outre les nombreuses reprises de cette pièce dialectale nivelloise, La Gavotte a créé une revue de Charles Gheude, musique d'Hector Declercq : Nivelles Partout.

 

La Gavotte semble avoir cessé ses activités en mai 1901

 

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Emile Delvaille précise, dans un article paru dans la revue nivelloise Rif Tout Dju de mai 1970 :

 

Le Cercle La Gavotte disparut pour céder le plateau à un Cercle du même genre dénommé Le Réveil et qui poursuivit les activité de La Gavotte, c'est-à-dire principalement la comédie française, parfois musicale, et la symphonie. Les fondateurs du Cercle Le Réveil furent : Georges Bosquet, Emile Van Cutsem, Hector Verreke, Félix Rayez, Auguste Vandercreusen, Trigalet, les frères De Rasse (dont le meilleur était Eugène), Paul Riquette et son frère, qui constituaient une excellente compagnie d'acteurs n'ayant guère à envier aux professionnels. Le Réveil, d'ailleurs, se faisait régulièrement renforcer par une actrice du théâtre du Parc, le plus souvent, et se faisait régir par le grand acteur Libeau.

 

C'est de ce groupement que naquit le petit orchestre symphonique Les Sans-Nom qui fit florès durant les quelques années qui précédèrent la guerre 1914-1918 et qui jouaient au profit d'œuvres philanthropiques. Cette guerre mit fin à tout cela et il fallut attendre 1925 pour voir quelques dévoués, amateurs de musique et de théâtre, se grouper autour de leur promoteur Achille Dehon, clerc d'avoué chez M. Mathieu (père), qui devint ainsi le premier président du nouveau groupement d'après-guerre qui, par respect pour ses aînés, s'appela La Nouvelle Gavotte

 

1913 - Dans le parc du château du Fontenau

 

1913 - Le Réveil - La scène qui a accueilli la pièce "L'Arlésienne" au château du Fontenau (photo Hector Basse)

 

1913 - Le Réveil - Affiche (Photo Hector Basse)

Mai 1922-Le Cercle Le Réveil (issu de La Gavotte) a joué El Roûse dè Sante-Ernèle. Ici dans la cour du Patronage Saint-Louis, rue du Wichet.

 

1er rang de g à d

Maurice Piret-Joseph Leherte-?-Lucienne Jonet-Emile Van Cutsem-Auguste Vandercreusen -Fernand Guilmot-Armand Hargot-

 

2e rang de g à d

Maurice Hargot-Fernand Goffart-Fernand Herrent-Georges Barbier-Georges walraevens-Edgard Bernier-Petit ou Corbisier ?