Le docteur Camille Lavand'homme

 

Né le 22 mai 1879 à Nivelles, le docteur Lavand'homme était installé au début de la rue Seutin, une grande maison  avec porte cochère. La maison existe toujours, complètement à l’abandon. 

 

Un pavillon construit à droite du porche servait de cabinet de consultation. Dans les années 1970, cette maison a été annexée par l’athénée.

 

 

La maison a chaque fois été endommagée et pillée pendant les deux guerres mais jamais détruite. La grille au-dessus de la porte cochère, qui présente apparemment les lettres DT entrelacées n’a probablement pas été forgée au temps de Camille Lavand'homme.

Le docteur Lavand'homme avait installé un  « parlophone » pour les urgences de nuit qui consistait en un tuyau en cuivre dont l’embouchure était fixée  en rue devant le porche et qui cheminait jusqu’à la chambre à hauteur de leur lit ! Les réveils en sursaut par des gens affolés hurlant dans le tuyau étaient très fréquents mais la médecine à l’époque était un sacerdoce ! Entre autres réveils cocasses, un des descendants du docteur nous conte cette anecdote :

– Docteur venez vite, il y a mon mari qui s’est dèsgueulé (La plupart des patients parlaient probablement le wallon nivellois).

 

En bâillant trop fort, il s’était luxé la mâchoire qu’il ne pouvait plus refermer. C’est très douloureux mais une manœuvre encore plus douloureuse permet de remettre le maxillaire inférieur à sa place… 

 

Le jardin avec écurie se prolongeait jusqu’à la rue de Mons (parking actuellement). On dit qu’il y aurait là un ancien cimetière mérovingien !

 

Lors de la déportation massive en 1917, il a beaucoup aidé les Nivellois. Outre le fait qu'il a placé des plâtres aux jambes, aux bras, il a fait hospitaliser de nombreux faux malades et a rédigé des dizaines de faux certificats. Au début de la déportation, pendant l'hiver 1917, il a trouvé un fille morte dans sa salle de consultation après avoir soigné son dernier patient. Accusé de l'avoir fait avorter, il a été jeté en prison. Comme témoin, il avait donné le nom de son dernier patient pour prouver qu'il n'y avait plus personne après lui. Malheureusement, ce patient a été déporté le lendemain. Les Allemands avaient commencé à constater qu'il y avait beaucoup de visites de Nivellois chez le docteur Lavand'homme et que ses certificats étaient nombreux. Après quinze jours de prison, les femmes de Nivelles ont perdu patience. Une centaine se sont réunies et ont marché vers la prison, munies de fourches, de pelles et de bâtons juste après le couvre-feu. Elles se sont assises par terre en criant et en menaçant les autorités belges de se faire prendre toutes par les Allemands si le docteur n'était pas libéré. Vers 20 heures, le procureur a donné l'ordre de faire sortir le docteur. Il a été porté en triomphe par le groupe de femmes et a été reconduit chez lui, porté sur les épaules des plus fortes. A la libération, le déporté a témoigné en sa faveur. Le docteur a été réhabilité.

 

Après la guerre de 1945, le docteur Lavand'homme a pris sa retraite et est parti à Bruxelles chez son fils Paul qui était chirurgien à la clinique Lonchamps. Il revenait souvent à Nivelles lors de l'enterrement de patients qu'il avait soignés. Un jour, en retournant chez lui, il n'a pu éviter un cycliste qui a dérapé sur la route mouillée. Ce cycliste est décédé. En arrivant chez lui, il s'est mis au lit et est décédé à son tour quelques jours plus tard.

 

Le docteur n'était pas riche. Il avait donné énormément de soins aux malheureux sans se faire payer. A cette époque, la mutuelle n'existait pas. Malgré son âge, il était resté svelte et son regard bleu inspirait la confiance.

 

La maison du docteur Lavand'homme est située sur la droite avec un balcon et un porche

Les photos 4-5-6-7-8 (évolution de la voiture du docteur)

 

La 1re voiture du docteur Lavand'homme vers 1909 ( les 4 années précédentes, il faisait ses visites à cheval ) qui aurait été parmi les premières automobiles à circuler à Nivelles. A l'époque, on achetait d’abord le moteur et le châssis, puis on choisissait un carrossier indépendant pour terminer l'ensemble de la carrosserie.
N’ayant pas assez d’argent, il a roulé sur châssis nu pendant 2 ans . Après carrossage, la voiture était trop lourde pour gravir certaines rues pentues dans Nivelles et les environs.

 

La photo 9

La voiture du docteur Lavand'homme a été réquisitionnée en 14-18 par les Allemands et a disparu à tout jamais ainsi que les belles bouteilles de bourgogne de sa cave à  vin. En dédommagement de guerre, après l’armistice,  il a pu récupérer une voiture allemande « avec un très long capot », plus belle et plus puissante, abandonnée après le départ précipité du commandement allemand .  

 

 

La voiture du Dr Lavand'homme

Ancienne voiture type Spider de 1910, carrossée par LORENZ et WALCH, un ancien véhicule de la marque DASSE

 


Histoire chronologique de l'ancienne marque automobile " Dasse ",

Belgique 1894 - 1956.

Gérard Dasse, né à Hodimont en 1842, travailla d'abord dans la robinetterie dans les régions flamande et bruxelloise. Puis il s'initia à l'électricité en 1882. Gérard Dasse avait deux fils, Armand né en 1875 et Iwan né en 1880, qui travaillèrent bientôt avec lui.

C'est en 1894 que la famille Dasse construisit sa première voiture, la parenté avec la Benz trois roues de 1888 est évidente. Peu de temps après, les Dasse construisirent une seconde trois roues reprenant l'architecture générale de la Léon Bollée, moteur à l'arrière toujours monocylindrique, transmission par courroies.

Ils construisirent ensuite une troisième trois roues et se tournèrent enfin vers des voitures quatre roues dont la première dut apparaître en 1898 ou 1899, avec moteur avant ou arrière. Au début du 20e siècle, les Dasse étaient de jolies voiturettes à roues égales et transmission par chaînes.

En 1911, Dasse construisait cinq modèles de classiques quatre cylindres. L'usine employait une centaine d'ouvriers et sortait plus de 100 voitures par an. L'exportation marchait bien.

Pour 1914, le radiateur voit sa forme modifiée et devenir plus ovale. Puis survient la guerre. Verviers est occupé et Gérard Dasse refuse de travailler pour les Allemands qui occupent l'usine, ils démontèrent l'outillage qui fut récupéré après la guerre.

Au tout début des années vingt, Gérard Dasse décéda et ses deux fils continuèrent seuls l'affaire qui s'installa dans de nouveaux ateliers. En 1921, Dasse construisait deux modèles de voitures, une 12 HP et une grosse 20 HP. En fin 1923, les voitures reçurent des freins sur les quatre roues. Ces voitures ont été construites jusque vers 1925 ou 1926 au rythme d'environ une vingtaine de 12 HP et de quelques 20-30 HP par an. La 12 HP était dénommée type A et la 20-30 type B.

Vers 1925, Dasse sortira un nouveau modèle de voiture, la Six, à moteur six cylindres, cette voiture sera construite en très petit nombre jusqu'à la fin des années vingt. Au début des années trente, des camions Dasse huit cylindres seront livrés à l'armée belge.

En mars 1927, Armand et Iwan Dasse avaient transformé leur affaire en société anonyme. Au début des années trente, arrêt définitif de la fabrication des voitures de tourisme, les Dasse avaient acquis l'agence pour la région des voitures Nash qu'importait leur ami Jules Miesse. A la fin des années trente, Dasse fabriqua sous licence des gazogènes à bois ambert et en équipa des camions de toutes marques.

Puis Dasse ne s'occupa plus que d'entretien et de révision de véhicules ainsi que de mécanique générale et de précision. L'affaire entra en liquidation en mars 1956 après plus de soixante ans passés avec compétence et probité au service de l'automobile. Armand Dasse s'éteignit en octobre 1956 et Iwan en 1964.

Gérard DASSE et ses fils Armand, 20 ans, et Iwan, 15 ans, dans la première voiturette DASSE de 1894, inspirée de la Benz de 1888